Beholder est un jeu que j’ai dĂ©couvert lorsqu’il faisait partie d’un Humble Bundle (d’ailleurs, si vous ne connaissez pas le site, je vous le conseille). On y incarne un jeune propriĂ©taire d’immeuble, fonctionnaire d’un gouvernement oppresseur et liberticide. Il faut que je vous en parle, parce que j’ai Ă©tĂ© tour Ă tour fascinĂ©, puis déçu.
Tout peuple qui s’endort en libertĂ© se rĂ©veillera en servitude. La RĂ©sistance et l’obĂ©issance, voilĂ les deux vertus du citoyen; Par l’obĂ©issance il assure l’ordre, par la rĂ©sistance il assure la libertĂ©; ‘’ConsidĂ©rant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protĂ©gĂ©s par un rĂ©gime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprĂªme recours, Ă la rĂ©volte contre la tyrannie et l’oppression.’’
VoilĂ des phrases qui rĂ©sonnent fort ! Elles peuvent, car elles font partie du prĂ©lude de la dĂ©claration des Droits de l’Homme ! Pourquoi une telle introduction en grande pompe ? HĂ© bien parce qu’aujourd’hui les amis, on va parler d’un jeu qui a quelque chose Ă dire (d’intĂ©ressant). C’est assez rare pour sortir le bloc de citation. đŸ˜‰
Cauchemar Orwellien ?
Vous Ăªtes un jeune père de famille fraĂ®chement installĂ© dans sa nouvelle bĂ¢tisse, avec femme et enfants. Votre domicile est au sous-sol mais tous les autres appartements de cet immeuble de 3 Ă©tages sont prĂªts Ă accueillir des citoyens. En tant qu’employĂ© du Ministère (donc, fier fonctionnaire), Ă vous la charge de vous assurer que vos locataires ne s’adonnent pas Ă des activitĂ©s illĂ©gales… et des activitĂ©s illĂ©gales, il y en a foison. Elles sont publiĂ©es au rythme effrĂ©nĂ© d’au moins une par jour, et rĂ©pertoriĂ©es sous forme de “directives”.
Votre tĂ¢che consiste donc Ă Ă©pier vos locataires, les observer par les trous de serrure pour obtenir des informations sur eux. Vous irez mĂªme jusqu’Ă vous introduire dans leur appartement Ă leur insu, pour installer quelques camĂ©ras, qui rĂ©colteront de prĂ©cieuses preuves. A vous les rapports de dĂ©nonciation et le chantage. Bienvenue dans un cauchemar Orwellien.
1) Le fond est en tous points réussi
Après quelques heures de jeu, les impressions sont indiscutables : le propos du jeu est parfaitement bien tenu. On est noyĂ© dans un univers morose et dĂ©sespĂ©rant au possible, avec comme unique tĂ¢che de nuire Ă autrui pour son propre intĂ©rĂªt financier. C’est une performance, car l’empathie, pour ces gens qu’on envoie en prison pour une simple cravate bleue, on la ressent.
On ressent aussi ce dĂ©chirement, entre la dĂ©tresse et le besoin de sa propre famille et l’innocence (relative) des gens que l’on espionne. Les objectifs imposĂ©s par le jeu sont tellement difficiles qu’on est forcĂ©ment coincĂ©s : on finit par chercher tous les moyens possibles d’obtenir de l’argent, quitte Ă dĂ©noncer des innocents, voler les locataires, devenir un monstre. Le pire dans tout ça, c’est que “nĂ©cessitĂ© fait loi” dans ce vase clos de quelques heures de gameplay. On se prend Ă justifier l’injustifiable, car il faut sauver la petite de sa maladie.
2) La forme est tellement ratée !
Si le fond est indiscutablement réussi, la forme elle, est tout aussi indiscutablement ratée et dessert complètement le jeu !
Concernant le gameplay, rien de spĂ©cial Ă dire, on se trouve devant un jeu que certains dĂ©crivent en point & click, mais qui me fait plutĂ´t penser aux Sims. On clique sur un Ă©lĂ©ment, puis un petit menu s’ouvre, proposant des actions possibles. L’unique tableau de jeu restera cependant cet immeuble, presque dĂ©labrĂ©.
N’y jouez pas Ă la manette
Les gros problèmes, ils arrivent quand vous lancez ce jeu sur grand Ă©cran, avec une manette de Xbox One par exemple. HĂ©las, mĂªme si le jeu est prĂ©sentĂ© avec un “support manette complet”, l’interface, elle, est Ă la ramasse complet ! Les menus d’actions possibles bugguent complètement, impossible de choisir une action, il faut se placer d’une certaine manière devant les objets pour espĂ©rer voir les actions se sĂ©lectionner. Dans les sĂ©quences stressantes, on perd 100% de l’immersion, Ă faire des allers retours devant un putain de tĂ©lĂ©phone qu’on arrive pas Ă dĂ©crocher.
N’y jouez pas en Français
De la mĂªme manière, il me semble qu’Ăªtre mort de rire en voyant les traductions françaises n’Ă©tait pas prĂ©vu dans l’ambiance du jeu. On est presque au niveau d’un Google Translate. Les traductions sont faites mot par mot, sans se soucier ni du contexte, ni du sens dans la langue traduite.
Par exemple : lorsque vous donnez de l’argent Ă votre Ă©pouse pour qu’elle aille faire les courses, votre personnage dit “Ici !”, qui est une traduction littĂ©rale de “Here !”. Or, en anglais, l’expression “Here !” est employĂ©e lorsqu’on tend quelque chose Ă quelqu’un. Elle pourrait alors se traduire comme “VoilĂ !”, ou encore “Tiens !”.  Ceci est un exemple minuscule parmi la foule de traductions littĂ©rales dĂ©biles qu’on a pu voir.
3) Jouez-y quand mĂªme
Je suis catĂ©gorique concernant Beholder, c’est un jeu qu’il faut faire, car il fait ressentir des choses. Par contre, n’y jouez pas en français, vous ne pourriez pas apprĂ©cier Ă leur juste valeur les dialogues. N’y jouez pas non plus Ă la manette, vous seriez rapidement frustrĂ© et cela vous empĂªcherait de continuer le jeu.